Sénégal – La modernisation de l’administration publique : un enjeu majeur du PROJET sénégalais

L’action publique au Sénégal semble peu appréciée par la population et sa contribution au progrès collectif peu connue. Les fonctionnaires et agents de l’État, dans leur grande majorité, ont eux-mêmes une conscience peu affirmée de leur statut, de leurs obligations légales, de leur place et de leurs rôles dans la satisfaction des attentes des populations. Face à ce constat, la coalition Diomaye Président s’est résolument engagée, à travers le PROJET, à bâtir une administration publique dynamique, efficace et performante au service des usagers et du Sénégal.

En cette période de changement dans l’appareil gouvernemental, le défi majeur reste l’opérationnalisation de cette vision pour mettre en cohérence la modernisation de l’Administration avec le PROJET. Sous ce rapport, nous proposons une démarche dont l’objectif est de servir de stimulant à toutes les personnes qui, au sein de l’administration gouvernementale, s’intéressent déjà ou s’intéresseront à la mise à jour de nos pratiques administratives dans la perspective des réformes administratives contenues dans le PROJET.

Pour assurer une bonne mise en œuvre de la modernisation du service public, il urge d’identifier les cibles d’action à privilégier pour réconcilier les citoyens avec leur Administration. À cet effet, trois principales cibles nous semblent déterminantes pour un renouveau du service public, notamment l’amélioration des services à la clientèle, l’implantation de l’évaluation de programme et la réalisation d’un régime d’imputabilité.

Revoir le fonctionnement du service à la clientèle

Il s’inscrit dans le prolongement des efforts déjà consentis pour rapprocher l’administration publique de ses clientèles. Les actions proposées visent à inviter les ministères et les organismes à revoir leur fonctionnement et à prendre les mesures nécessaires pour que le service à la clientèle devienne une valeur primordiale de leur organisation. Cela doit conduire non seulement à une revue des structures, des processus administratifs et des normes, mais aussi des comportements des agents qui, à l’intérieur des organisations, ont en charge le fonctionnement de l’appareil administratif. Il faut, en somme, adapter l’appareil administratif et valoriser les fonctions et les tâches des personnes qui sont directement au service du public. Aussi, nous suggérons la révision des plans de délégation des responsabilités et des pratiques de gestion entre autres, dans la perspective d’accorder plus de pouvoirs aux gestionnaires de première ligne et de leur donner les moyens de mieux servir la clientèle. Les services de vérification interne aux ministères et organismes peuvent évaluer périodiquement la situation de manière à pouvoir apporter les correctifs qui s’imposent.

Instaurer une culture d’évaluation de programme

Nous gardons à l’esprit que le pésident de la République Bassirou Diomaye Diakhar FAYE hérite d’un contexte politique exigeant. Il devra faire face à d’importants défis pour mettre en œuvre ses réformes. D’où la pertinence de disposer d’une plate-forme formelle de coordination entre les différentes parties prenantes chargées de la planification, du suivi et de l’évaluation. Aussi, le gouvernement que le premier ministre Ousmane Sonko a l’insigne honneur de diriger doit mettre davantage l’accent sur des évaluations d’impact, c’est-à-dire celles qui visent à mesurer les effets réels des programmes. Pour devenir un outil rentable entre les mains des gestionnaires, l’évaluation de programme doit être conçue comme une fonction permanente, intégrée au processus de gestion et permettant de disposer en temps opportun de l’information nécessaire aux divers types de décision qu’on peut être appelé à prendre sur un programme. Trois actions principales sont proposées pour favoriser l’instauration et le développement de l’évaluation de programme au sein de l’administration publique :

  • Adopter une politique d’évaluation de programme applicable à l’ensemble des ministères.
  • Mettre en place dans chaque ministère les mécanismes appropriés pour que l’évaluation de programme s’implante graduellement et que les résultats des évaluations soient utilisés dans le processus décisionnel.
  • Assister les ministères dans l’implantation et le développement de l’évaluation de programme.

Implanter un régime d’imputabilité

Les actions pour arriver à réaliser un régime d’imputabilité dans l’administration sénégalaise pourraient être les suivantes :

  • Instaurer des pratiques de communication permettant au Gouvernement de faire périodiquement connaître ses orientations et ses objectifs à l’ensemble du personnel de l’administration.
  • Utiliser les moyens adéquats pour que les gestionnaires s’approprient des objectifs et priorités du ministère ou de l’organisme dans lequel ils travaillent.
  • Développer et consolider le processus définissant les attentes par rapport à chaque agent qui permette d’évaluer systématiquement son rendement.
  • Installer une revue périodique de la performance des ministères devant le Conseil des ministres ou tout autre organisme délégataire que la Primature pourrait abriter par exemple.

Les actions et les mesures préconisées ne couvrent pas, cela va de soi, la totalité des actes à poser pour moderniser l’administration publique. Elles ont toutefois le mérite de tracer la voie dans la bonne direction. Elles devraient aussi contribuer à changer certaines mentalités et attitudes, et à assouplir certaines rigidités institutionnelles qui constituent des écrans entre la population et l’administration publique. C’est aussi à chaque ministère et organisme que revient l’initiative d’examiner son vécu et de mettre en œuvre d’autres actions qui paraissent appropriées.

Bien sûr on peut affirmer que, d’une certaine façon, la partie la plus difficile reste à faire. C’est en effet le degré d’adhésion de tous les intervenants aux actions proposées et leur engagement à les mettre en œuvre qui constitueront le véritable test de modernisation de l’administration publique. En dépit de cette crainte, nous avons un préjugé favorable résultant des acquis de l’Administration sénégalaise qui reposent entre autres sur la compétence de son personnel. De même nous sommes persuadés que notre Administration est ouverte aux conditions de mise en œuvre de valeurs comme l’efficacité, l’efficience, la productivité, la transparence, la recherche de l’excellence, la simplification des processus et des procédures, la reconnaissance des succès, bref, aux valeurs qui animent et caractérisent les organisations performantes.

 

Hady TRAORÉ, Directeur Sogémap – Afrique

Source : Senego.com, l’actualité du Sénégal, 14 avril 2024.

1075, rue Saint-Alexandre,
Longueuil QC J4H 3H2
Tél. : 450 670-8952   |  Téléc. : 450 670-0009
sogemap@sogemap.com